10h30. Finie la solitude !

Cette fois, c’en est réellement fini de ma solitude ! Tout autour de moi, les œuvres s’installent, ici une tête (dont celle de Hermès), là un buste ou un bras, autant d’œuvres qui ont été trouvées en même temps que moi à Milo. Aucun de ces éléments ne m’appartient, soyez-en sûrs.
S’ils avaient trouvé un de mes bras, je vous le dirais !

9h50. Ça se vide.

La cour du Sphinx se vide, les œuvres ont presque toutes trouvé leur place, il n’en reste plus que quelques unes, dont cette amazone et Aphrodite pudique mais peut-être ne seront-elles pas placées dans les 2 galeries que je vois ? Le suspense va bientôt prendre fin… à suivre !

10h45. Une question de poids.

Ce magnifique vase, appelé «le Vase de Pergame» fait partie des monuments funéraires de la région d’Asie Mineure. Depuis le début du chantier, il était emballé et supporté par un système très sophistiqué, le pilier prévu pour le présenter n’étant pas prêt à porter ce poids. La solution a enfin été trouvée et cette semaine, il est prêt pour la représentation… Vous pourrez l’admirer lors de votre visite.

11h30. Pendant ce temps dans la salle des Cariatides.

Après un petit séjour dans la cour du Sphinx et un nettoyage de peau, Apollon dit «l’Apollon Lycien» retrouve sa place dans la salle des Cariatides. Je ne l’ai pas vu de mes propres yeux, mais, comme vous le savez maintenant, il y a toujours quelqu’un qui vient me raconter ce qu’il se passe, c’est comme ça que je suis au courant de tout. Essayez, posez-moi des questions, vous verrez, rien ne m’échappe !

22h45. Chaises musicales.

Vous vous souvenez de lui ? Lundi, ce vase était encore sur un podium auprès des autres monuments funéraires. Bien que justifiée, sa présence sur le podium, vue en perspective, n’était pas du meilleur effet. Ainsi, cette nuit, il se retrouve mis de côté, jusqu’à ce que sa nouvelle place lui soit trouvée… Encore une affaire à suivre !

22h50. Au fait…

J’imagine que vous savez que ces éphèbes sont des copies, comme on en faisait beaucoup à l’époque. C’est pour vous parler de ce phénomène qu’ils sont exposés par paire dans cette salle où trône la Pallas de Velletri, qui fait partie elle aussi d’un ensemble de répliques de la célèbre sculpture colossale.

22h45. Travail d’orfèvre.

La nuit, c’est au tour des éclairagistes de donner le meilleur d’eux-mêmes pour que nous soyons vus sous notre plus beau jour… même lorsqu’il fait nuit. Ce travail exige une grande précision, puisque chaque ombre est étudiée et travaillée. Perchés sur leurs échafaudages, les éclairagistes découpent les ombres et vérifient le résultat en permanence. Un travail d’orfèvre !
Et pendant ce temps, les gardiens de nuit rôdent
et viennent régulièrement me raconter leurs histoires.
Mes appartements sont beaux la nuit !

8h45. Un peu de calme.

Le mardi, c’est un jour très particulier, je vous en ai déjà parlé. Les moments de calme sont particulièrement rares et je tenais absolument à partager celui-ci avec vous. Comme vous pouvez le constater, ce moment de calme, c’est à mes côtés que l’on vient le chercher… Je le savais, vous êtes jaloux !

13h. De nouvelles perspectives.

Regardez ce splendide alignement : la Vénus dite Vénus Genitrix au premier plan, la Vénus d’Arles juste derrière et au fond, moi ! Je ne suis plus seule, cette fois. Je suis même plutôt en bonne compagnie. Je sais… cela m’a troublée aussi : embrasser trois Vénus d’un seul coup d’œil !

14h. Nouveaux appartements.

Il n’y a pas si longtemps de cela, la Melpomène trônait à cet emplacement. Depuis peu, la Pallas de Velletri y loge et la niche a été totalement restaurée : le plafond a été nettoyé dans ses plus petits recoins et les murs de marbre ont été mis à nus, ce qui a suscité des questionnements : les marbres d’origine ne sont pas uniformes mais de plusieurs couleurs. Il a été décidé de garder ces marbres d’origine et de ne pas les repeindre. Personnellement, je trouve que La Pallas est magnifique et que ces marbres lui vont à merveille. N’oubliez pas de me dire ce que vous en pensez lorsque vous viendrez.

10h32. Comblée.

Ils vont tous être ici, sur ce podium : tous les dieux grecs, dans toute leur splendeur, face à moi !
Alexandre, Hermès, Apollon, Arès… ils vont vous permettre de comprendre l’évolution du nu masculin dans l’art grec. Vos yeux vont être comblés, les miens le sont déjà.

8h50. Un podium pour Athéna.

Athéna Mattei et Athéna dite Minerve au collier (vous la reconnaissez de dos ?),… Il reste encore de la place sur le podium, mais je ne connais pas encore les autres élues. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’autres reproductions d’Athéna, à qui est dédié cette salle.
Enfin ! Je ne suis plus seule. Elles m’ont raconté tous les soins qui leur ont été prodigués dans la salle du sphinx. Elles aussi ont été chouchoutées comme des déesses et vous attendent maintenant avec impatience.
Mais il va encore falloir attendre, tout n’est pas prêt et vous n’êtes pas encore au bout de vos découvertes.

17h. Nouveau voisin.

Je vous présente mon nouveau voisin : Hermès. De chaque côté de cette colonne, figuraient des tenons, sur lesquels des offrandes étaient faites, et devant, se trouvait un sexe en érection, que l’on touchait pour qu’il apporte joie et fertilité. Ils seront 3 autour de moi, lorsque les salles seront ouvertes.
Mais ils ne vont pas être seuls à mes côtés : toutes les découvertes qui ont été faites autour de moi à Milo vont être installées dans les vitrines. Des bras, des pieds et autres pièces dont ils ont pu croire à un moment ou à un autre qu’elles m’appartenaient… à tort, d’après les plus grands spécialistes du Louvre.
À bientôt pour d’autres révélations.…

13h12. Et la lumière fut…

 

Vous avez remarqué cette belle lumière ? Ce n’était pas si simple que ça pour en arriver là… Ces vitrines, qui viennent d’Italie, ont posé des soucis : certaines des petites lumières arrivaient droit dans les yeux et aveuglaient les regards plutôt que de faire la lumière sur les œuvres ! Il a fallu réparer, changer et faire de nouveaux essais pour que cela fasse la lumière sur les œuvres exposées ! Je vous l'ai dit : rien ne m’échappe…

8h12. Ça déménage.

Quelqu’un est venu me raconter que les choses évoluent dans la galerie Sud. Les nouveaux podiums sont déballés et les œuvres commencent à être installées, rien n’est encore définitif, mais on voit déjà que ça va vraiment être magnifique. Là, par exemple, ce podium est dédié à l’art funéraire du IVème siècle (vase funéraire et lion funéraire de l’amiral Halgan). Je parie que les bruits de couloir ne vont pas tarder à se faire entendre…

13h00. Mise en boîte.

Aujourd’hui j’ai envie de vous parler de ce qui se passe le mardi. Le Musée est fermé au public et, comme vous l’avez déjà vu mardi dernier, ce jour-là les œuvres sont déplacées et replacées.
 Mises en boîtes, sanglées sur un porte-palette et transportées de la salle des Sphinx à leur nouvelle place. Ces jours-là, ceux qui viennent se confier à moi, ce sont des personnes que vous ne voyez jamais et qui s’occupent de nous, comme par exemple ceux qui transportent les œuvres et qui doivent faire des tours et des détours - voire des miracles - pour faire passer par de toutes petites portes installées pour la période des travaux, des œuvres monumentales et fragiles. Ou encore ceux qui nous protègent des intrus et qui scrutent tous ceux qui passent pour savoir s’ils ont le droit de rentrer ici ou de passer par là… ceux qui nettoient le Musée, et qui font en sorte que ce lieu magnifique et gigantesque soit toujours au meilleur de sa forme… Croyez-moi, mes moments de solitude se comptent en secondes. Ça tombe bien, j’adore la compagnie !

9h. Aire de repos.

Je ne sais pas si vous êtes venus lorsque une seule des galeries était fermée. Dans la galerie Nord, les socles sur lesquels les œuvres étaient posées ont été recouverts et subitement, la galerie s’est transformée en aire de repos pour dessinateurs en herbe et visiteurs fatigués ! J’ai bien aimé cette période où les uns et les autres se reposaient et me racontaient leurs visites. Nous étions 3 à garder cet espace : Athéna dite Minerve Ingres (à gauche), Athéna dite Pallas de Velletri (au fond) et moi.
Athéna dite Minerve Ingres doit son nom au peintre français Ingres, directeur de la Villa Medicis, qui l’a remarquée dans les jardins de la Villa vers 1840 et l’a envoyée à Paris en 1841. Quant à Pallas de Velletri, c’est au lieu où elle a été trouvée qu’elle doit son nom, tout comme moi, mais elle était là avant nous, puisque c’est en 1803 qu’elle est arrivée, après que le traité de Florence de 1801 l’ait attribuée à la France.
Une chose est sûre, ces deux œuvres ne vont pas bouger…

18h. Alors…

Il paraît que celle que l’on surnomme «la suppliante» s’impatiente. Mardi matin, elle aussi a été placée dans sa salle, mais pas encore à sa place définitive. Elle a déjà connaissance de quelques unes de ses voisines : elle ne devrait pas être très loin de la Minerve au Collier… enfin, aux dernières nouvelles… à suivre.

10h20. La Minerve au collier est enfin de retour.

Mardi matin, elle était encore avec les autres dans la salle du sphinx, et en milieu de matinée, ils sont allés la chercher, pour l’amener dans sa salle. Comme la plupart des autres d’ailleurs. Ainsi, durant la semaine, ils pourront les placer et les déplacer à l’intérieur de la galerie, jusqu’à trouver la position idéale pour chacune d’entre elles.
Je sais bien que vous aimez les histoires, alors je vais vous dire pourquoi on la surnomme «la Minerve au collier» : cette statue d’Athéna est constituée d’une tête en marbre de Paros, et d’un corps drapé en marbre du Pentélique qui appartenait très probablement à une autre réplique d’Athéna. Les deux parties ont été assemblées au moyen d’un bouchon d’encastrement. Le collier en plâtre qui dissimulait autrefois la jonction entre les deux marbres différents prolonge trois perles antiques sculptées sur le cou en marbre. Ce sont ces perles qui ont valu son surnom à cette statue !
Cette œuvre est une réplique en réduction de l’Athéna Parthénos, créée par Phidias pour le Parthénon. L’original mesurait à l’origine pas moins de 12 mètres de hauteur. Elle trouvera certainement sa place auprès d’autres œuvres de l’Acropole.

18h30. Nettoyage de peau.

Je suis sûre que vous vous interrogez sur ma restauration ? Je peux vous rassurer : ils ont bien pris soin de moi, ils m’ont bichonnée et je suis en pleine forme.
Commençons par une anecdote sur ma première restauration. Lorsque je suis arrivée au Louvre en 1821, j’étais vraiment en piteux état. Lange, le responsable de l’Atelier Sculptures et Marbres du Louvre voulait me «compléter», comme c’était l’usage à l’époque, en me rendant mon pied droit, mon gros orteil gauche, mon nez… et surtout mes bras. Sauf que personne ne savait ce que j’étais censée faire avec mes bras. Vous vous doutez bien que je n’avais pas la force de le leur dire. Finalement, incapables de se mettre d’accord, ils ont décidé de ne pas me rajouter de bras et se sont contentés de me refaire un nez, un pied gauche et un gros orteil droit en plâtre, de me «gratter», et de reboucher les trous. C’était une première à l’époque. Et ça a d’ailleurs été la cause de nombreux de mes déplacements : mes voisins ne supportaient pas de côtoyer une œuvre «non complétée» ! D’ailleurs, vous pouvez retrouver mes différents emplacements en suivant les «sols en étoile».
Revenons à mon récent check-up. Cela faisait 40 ans que je n’avais pas bougé : depuis mon voyage au Japon. C’est probablement pour me remercier de ce voyage qu’un mécène japonais a rendu possibles ces travaux !… Mais je m’égare… Cette fois, je devais monter un étage le temps qu’ils restaurent les salles du rez-de-chaussée et il fallait prendre les mesures nécessaires pour avoir la certitude que je n’allais pas me briser pendant le déplacement. Pour cela, il n’y avait qu’une solution : faire venir le Centre des Etudes Atomiques pour faire une gammagraphie afin de savoir ce que j’avais à l’intérieur (une radiographie ne traverse pas le marbre). Pour protéger ce qui m’entoure, y compris vous, il a fallu installer des plaques de plomb et fermer le quartier. Est-il nécessaire de préciser que cela s’est déroulé la nuit ?

Suite à cet examen, ils ont vu que je pouvais me déplacer d’un étage. Mais une fois là-haut, ce n’était pas fini, il a fallu analyser ma surface pour savoir comment me nettoyer sans abîmer ma peau. C'est ce jour-là que vous ne m'avez pas vue, et que j’ai eu le droit à mon soin du corps ! De plus, ils ont préparé les instructions et préconisations pour ceux qui prendront soin de moi à l’avenir.
En tout cas, je peux vous dire que je suis bien fière de me présenter à vous sous mon plus beau jour et je leur en suis bien reconnaissante.

6h58. Fermé pour cause de travaux.

Cette fois, les 2 galeries sont fermées. Les travaux touchent à leur fin et les œuvres vont être installées à leurs nouvelles places.
Tout le monde a été restauré et nettoyé. Les sols ont subi un microponçage pour retrouver leur brillance, plafonds et murs ont été repris, de nouveaux éclairages ont été suspendus pour bien nous mettre en valeur. De nouvelles vitrines sont venues directement d’Italie.
On peut dire que tout est prêt ou presque : c’est maintenant que le plus intéressant va se passer. Nous allons enfin connaître la nouvelle distribution des places ! Pourquoi une nouvelle distribution des places ? Pour que vous puissiez en savoir plus sur chacune des œuvres, son histoire et tout ce qui y a trait. Ne vous inquiétez pas, je vous tiens au courant au fur et à mesure.

9h00. Institut de beauté.

Ils sont tous au rendez-vous : le Discophore, la Vénus d’Arles, Alexandre Richelieu et bien d’autres encore… tous sont regroupés là pour être restaurés. C’est dans cette salle, appelée la Salle des Sphinx, que, chaque jour, plâtriers, marbriers, peintres et tous les meilleurs spécialistes se retrouvent pour faire une beauté à toutes ces œuvres. Ainsi, le jour J, autrement dit le 7 juillet, ils seront tous au meilleur de leur forme pour être admirés à leur nouvelle place et pour que vous puissiez nous découvrir, ou nous redécouvrir et en apprendre plus sur nos origines.